Né en 1930 à Bergame en Italie, il se voue dès sa jeunesse à l'alpinisme extrême.
Symbole de l’engagement extrême, de l’élégance et de l’éthique, il goute
à l'escalade près de chez lui à l'âge de 18 ans. Un an plus tard, il réalise la deuxième ascension la plus difficile de la voie Detassis dans les Dolomites et il a à peine 21 ans quand il gravit la face est du Grand Capucin.
En 1954, il est sélectionné pour gravir le K2 au Pakistan, deuxième sommet le plus haut au monde. L'expédition tourne mal. Bonatti et son sherpa Maddhi sont abandonnés par leurs compagnons Lacedelli et Compagnoni.
Après la mise en place de plusieurs camps, le plan d'attaque du sommet est décidé : Achille Compagnoni et Lino Lacedelli monteront le camp IX, Walter Bonatti et Madhi (un Hunza, peuple de la vallée des Hunza au Pakistan) les ravitailleront. L'après-midi du 30 juillet, chargés principalement de bouteilles d'oxygène, les deux hommes montent difficilement à ce dernier camp situé à environ 8 100 mètres d'altitude. Arrivés à l'endroit prévu, après maintes recherches du camp, ils sont obligés de bivouaquer dans la neige, abandonnés par Compagnoni et Lacedelli. Bonatti et Madhi ne doivent leur survie à ce bivouac extrême à 8100 mètres d'altitude qu’à la colère qui a du réchauffer leur sang. Piégés sans matériel ni protection sur ce toboggan abrupt, incapables d’avancer sans risquer une chute de plusieurs centaines de mètres, ils parvinrent à creuser une margelle pour s’asseoir tous les deux dans la neige et glisser leur tête dans un trou à l’abri de la tempête qui se levait.
Le lendemain ils redescendent, Madhi gravement gelé, Bonatti ayant eu plus de chance est peu atteint.
Entre temps le sommet a été conquis. Compagnoni et Lacedelli déclareront qu'ils ont vaincu le sommet sans oxygène, abandonnant les bouteilles deux heures avant le sommet, en accusant Bonatti de s'en être servi pendant son bivouac improvisé.
C'est cette version calomnieuse qui sera officialisée par Ardito Desio et le CAI (Club alpin italien).
Bonatti commencera alors son combat pour rétablir la vérité : il n'a jamais touché aux bouteilles qu'il a montées au camp IX.
S'ensuivra une longue polémique, et c'est en 1993 que des preuves irréfutables seront dévoilées. Il aura fallu 50 ans à Walter Bonatti pour rétablir la vérité sur cette affaire, puisqu'en 2004 le club alpin italien annonce enfin que la version officielle de l'ascension est celle de Bonatti.
Après la crise provoquée par ce drame, l’Italien se lance un extraordinaire défi et réussit en cinq jours la première ascension du pilier sud-ouest des Drus en solitaire, désormais appelé le pillier Bonatti.
En 1961, Walter Bonatti survivra dans le massif du Mont-Blanc, en compagnie de Pierre Mazeaud et de Roberto Gallieni, à ce que la presse appellera la grande tragédie du Pilier Central du Frêney qui vit la mort d'Andrea Oggioni, Pierre Kohlmann, Robert Guillaume et Antoine Vieille.
Son alpinisme est léger, téméraire et inventif. Mais, à 35 ans, il esquisse une splendide révérence. En 1965, il ouvre, en hiver et en solo, une voie directe dans la face nord du Cervin et prend congé : «Je quitte un alpinisme fatigué, désormais vidé de sa substance par la médiocrité, l’envie et l’incompréhension.»
Il réalisera encore de grandes premières dans les Alpes les années suivantes, tout en s'éloignant de plus en plus du club alpin italien dont il ne partage pas les idées.
Fidèle à sa passion de l’exploration, Bonatti était ensuite devenu grand reporter et photographe pour le magazine italien Epoca. Il s’était installé à Rome et écrivait des livres qui tranchaient par leur écriture lucide et l’humanisme qui en émanait.